Opération de représailles du Vendredi 12 Mai 1944

Le vendredi 12 mai 1944 à Figeac, au petit jour la ville est complètement encerclée.

Aux environs immédiats les soldats sont partout. Des pièces d’artillerie sont installées sur les hauteurs de la ville, carrefours et places sont gardées par des chars, des mitrailleuses sont en batterie. Un voyageur venant de Limoges par le train, raconte qu’entre Ceint-d’Eau et Figeac, sur la voie ferrée, tous les vingt mètres on pouvait voir un soldat. Les maisons sont perquisitionnées et les Allemands découvrent une cache comprenant un stock important d’armes et de munitions.

A sept heures, un tambour de ville indique que tous les hommes doivent se rendre à la gendarmerie pour un contrôle d’identité.

Pendant ce temps, les allemands perquisitionnent, fouillent la ville, cherchent les hommes et les poussent sans ménagement vers le lieu de rassemblement, place des Carmes. Durant toute la matinée les prisonniers sont interrogés dans les bureaux de la gendarmerie. Vers 13 heures, brusquement, les soldats font mettre les hommes en rang et les conduisent deux cent mètres plus loin, dans la cour et dans les bâtiments de l’école de garçons où ils seront stationnés.

Vers 15 heures, les employés des services publics et les ouvriers des usines Ratier sont libérés ; puis ce fut le tour de ceux qui s’occupent du ravitaillement et des hommes de plus de 60 ans.

Durant leurs perquisitions dans les maisons, les soldats allemands récupèrent surtout des provisions, et bientôt les effets de l’alcool se font ressentir : des détenus sont malmenés, brutalisés et sont même parfois l’objet de simulacre d’exécution, tandis qu’ils sont toujours laissés debout, sans nourriture. C’est seulement vers 16 heures, que les familles sont autorisées à leur porter quelque nourriture ou vêtement.

Vers 17 heures, les premiers camions viennent s’aligner devant la porte ; on fait monter les prisonniers. C’est ainsi que plus de six cent hommes sont emmenés dans 32 camions ! Vingt-cinq sont laissés libres, les allemands n’ayant pas trouvé pour eux de véhicule à réquisitionner.

A 18 heures le convoi prend la route de Cahors.

Les troupes allemandes resteront à Figeac toute la nuit : des soldats ivres pillent de nombreuses maisons de la ville et de sa périphérie ; ils se livrent à de nombreuses exactions sans qu’aucune patrouille ne puisse les retenir. Des véhicules vont et viennent dans les rues, des coups de feu sont tirés dans toutes les directions, dans le seul but d’entretenir la peur.

Au matin du 13 mai, petit à petit, les allemands quittent la ville qu’ils laissent en pleine désolation.

Quant au convoi de prisonniers, il a rejoint Cahors vers 20 heures ; les hommes durent passer la nuit dans les caves à charbon du lycée de jeunes filles. Le lendemain matin, noirs de poussière, ils sont à nouveau chargés sur les camions, et le convoi ainsi formé arrivera à la caserne des Dragons de Montauban vers 14 heures. Les hommes seront alors rassemblés dans le manège de l’ancien quartier de cavalerie. C’est ainsi qu’ils resteront plusieurs jours dans la poussière de ce lieu.

Les allemands voulant recueillir des informations sur l’organisation des maquis de la région de Figeac, leurs caches, le nom des résistants, etc… se livrent à de nombreux interrogatoires, accompagnés de tortures.

Quelques jours après, les prisonniers sont chargés dans des trains partant pour l’Allemagne.

Les conséquences de cette rafle furent tragiques : 4 fusillés à Montauban, 133 déportés dans les camps, dont 8 femmes, par le train Fantôme vers Dachau puis Ravensbrück, 226 travaillèrent en usine, 83 raflés sans précision d’affectation.

Après ces terribles journées des 11 et 12 mai, qui ont laissées Figeac et sa région dans une extrême douleur, peu d’allemands sont aperçus dans le pays. Cependant la population vit dans la crainte de nouvelles représailles.